Quand l’histoire bégaie : peurs sociales face au progrès technique.
- Mariette Koublanou
- 17 mai
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 5 jours
Au fil des siècles, l'être humain a su faire preuve de créativité et d'innovation. Les inventions d’hier ont toujours servi de tremplin pour de nouvelles avancées, repoussant sans cesse les limites du possible. Nous avons bâti des civilisations, exploré l’espace, et révolutionné la communication en quelques siècles à peine.
Mais à chaque révolution industrielle, un même sentiment revient encore et encore : la peur.

De la première révolution industrielle à la fin du XVIIIe siècle, marquée par des inventions majeures comme la machine à vapeur de James Watt, à la deuxième révolution à la fin du XIXe siècle avec l’arrivée de nouvelles énergies telles que l’électricité, le pétrole ou le gaz, chaque grande transformation a été accompagnée d’inquiétudes. Aujourd’hui encore, on parle parfois d’une troisième révolution industrielle portée par l’informatique et Internet, voire d’une quatrième, caractérisée par l’intelligence artificielle, la robotique et les objets connectés. Et avec ces évolutions reviennent des craintes familières : perte d’emplois traditionnels, difficulté à s’adapter, déshumanisation du travail.
Le 04 octobre 2024, dans un précédent blog on se posait cette question : l'IA rendra-t-elle la main-d'œuvre humaine obsolète, ou de nouvelles opportunités se présenteront-elles ? Et si on décryptait tout cela ensemble ?

Hier comme aujourd’hui : pourquoi le progrès fait peur ?
La peur sociétale face au progrès technique s’est répétée en boucle au cours de l’histoire de la race humaine. Cette crainte n’est pas nouvelle : elle est ancrée dans notre histoire collective. Déjà, au XIXe siècle, les ouvriers du mouvement des Luddites en Angleterre détruisaient les machines à tisser, qu’ils accusaient de voler leur travail. Leur geste n’était pas simplement un refus du progrès, mais un cri d’alarme face à un changement subi, mal compris, et surtout perçu comme injuste.
La peur face à l'arrivée de l’IA s’inscrit dans la continuité de cette dynamique, après avoir automatisé les flux, nous voilà face à une technologie qui s’attaque à nos facultés cognitives. Ce nouvel outil s’insère dans tous les domaines même celui de la communication. Elle transforme la communication en apportant des solutions à chaque étape : création, diffusion, analyse. Des outils comme ChatGPT ou Copy.ai rédigent des contenus adaptés à tous les formats, tandis que Midjourney ou DALL·E créent des visuels originaux à partir de simples descriptions appelés prompts. Ajoutez à cela les chatbots et systèmes d’automatisation qui personnalisent les messages selon les données utilisateurs, et optimise les performances en temps réel. Résultat : gain de temps, efficacité optimisée, campagnes mieux ciblées.
Mais derrière ces peurs, se cache une réalité plus nuancée : le progrès n’est ni bon, ni mauvais en soi. Tout dépend de l’usage que nous en faisons, des choix politiques, sociaux et éthiques qui l’accompagnent. Le problème n’est pas l’innovation, mais l’absence de préparation, d’inclusion et de régulation. Alors, comment dépasser la peur pour entrer dans une logique d’appropriation ? Peut-on envisager un progrès qui n’exclut pas, qui n’écrase pas, mais qui accompagne et transforme positivement nos sociétés ?
Les machines montent, l’humain résiste.
Mais soyons un peu plus réaliste et voyons les choses d’un autre angle. L’IA est aujourd’hui l’outil dont on ne peut plus se passer. Parfois même pour envoyer un simple message à un ami, on fait appel à ChatGpt. Elle est dans nos téléphones quand on utilise la reconnaissance vocale, dans nos mails quand on suggère des réponses automatiques, dans nos applications de traduction, nos GPS, nos plateformes de streaming. Même nos frigos et aspirateurs en sont parfois équipés ! Loin d’être une technologie futuriste, l’IA est devenue un compagnon discret mais omniprésent. Dans certains métiers, solliciter l’humain semblera être une corvée – un luxe inutile dans un monde qui valorise l’instantanéité et la rentabilité.
Alors oui, qu’on le veuille ou non, des emplois disparaîtront. De nouvelles opportunités émergeront, sans doute. Mais elles demanderont des compétences inédites, une agilité d’esprit, une capacité à se réinventer constamment. Se réadapter ne sera pas donné à tout le monde.

À mesure que l’intelligence artificielle s’invite dans nos échanges et bouleverse nos manières de communiquer, une question essentielle se pose : que reste-t-il de l’humain ? Beaucoup, en réalité. Car même si l’IA peut rédiger des textes, répondre à des messages ou analyser des données en un clin d’œil, elle ne ressent rien. Pas d’émotion, pas d’intention, pas de conscience. Ce sont encore nos idées, notre sensibilité, notre imagination qui donnent vie aux messages. C’est nous qui savons écouter, créer du lien, raconter une histoire qui touche. Et plus les machines gagnent en puissance, plus nos qualités humaines deviennent précieuses : l’empathie, l’authenticité, le sens des autres. Dans ce duo qui se forme entre l’IA et nous, c’est notre regard, notre éthique, notre humanité qui feront toute la différence.
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